Exposition
Un art pauvre
Du 8 juin au 29 août | Centre Pompidou, Galerie 4
Commissariat coordonné par Frédéric Paul
Avec la collaboration de Marie-Ange Brayer, Jonathan Pouthier, Didier Schulmann (Bibliothèque Kandinsky), Serge Laurent (Centre Pompidou) et Frank Madlener (Ircam)
Avec cette manifestation pluridisciplinaire inédite, le Centre Pompidou examine les différentes pratiques artistiques à travers lesquelles s'est posée la question du « pauvre » à partir des années 1960 : arts plastiques, bien sûr, avec l'arte povera, mais également musique, architecture, théâtre ou cinéma expérimental.
En 1967, différents manifestes annoncent la naissance de l’Arte Povera. L’article écrit par Germano Celant inscrit d’emblée le mouvement à la croisée des disciplines, faisant autant référence aux arts plastiques qu’au cinéma ou au théâtre - tout particulièrement à ce « théâtre pauvre » théorisé par Jerzy Grotowski. Dès les prémices, l’Arte Povera s’insère donc au cœur de multiples pratiques artistiques caractérisées par la simplicité du geste créateur et la mise en évidence d’une matière dépouillée. Car les matériaux utilisés par les artistes de l’Arte Povera sont souvent naturels, ou de récupération. Cette forme de recyclage tient moins d’un credo que d’une attention portée aux traces, aux reliefs et aux plus élémentaires manifestations de la vie. Tandis que l’Arte Povera revendique un retour aux gestes archaïques, Grotowski milite pour un théâtre « dépouillé de tout ce qui n’est pas lui-même », débarrassé du décor, des effets de lumière, du grimage, du costume ou de la musique. La musique, justement, expérimente alors la raréfaction du son, témoignant de la force de questionnements communs à toutes les disciplines artistiques.
Développée en collaboration avec les départements du Centre Pompidou, et notamment l’Ircam, la manifestation prend appui sur les collections du musée national d’art moderne, qui conserve l’un des ensembles les plus importants d’Arte Povera au monde. L’exposition en dévoile la richesse et la diversité à travers les oeuvres emblématiques de nombreuses figures du mouvement parmi lesquelles : Giovani Anselmo, Gilberto Zorio, Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Piero Gilardi, Jannis Kounellis, Mario Merz, Giulio Paolini, Pino Pascali, Giuseppe Penone et Michelangelo Pistoletto ainsi que de nombreux créateurs qui s'en sont trouvés à toute proximité comme Ugo La Pietra, Ettore Sottsass ou Michele de Lucchi… Cette présence de l’Arte povera dans la collection du Centre Pompidou vient encore de s’enrichir du don exceptionnel consenti à la Bibliothèque Kandinsky des archives d’Ida Gianelli, qui dirigea de 1991 à 2008 le Castello de Rivoli à Turin et encore précédemment la Samangallery à Gênes.
Enfin, l’exposition trouve divers prolongements au sein du Centre Pompidou : à travers la programmation de l’édition 2016 de ManiFeste, rendez-vous annuel par l’Ircam, mais également dans les étages du musée national d’art moderne, où de nombreuses oeuvres interrogeront les échos contemporains
de ces différentes pratiques pauvres.
Visuel : Piero Gilardi, Totem domestico, 1964. Collection Centre Pompidou/Musée national d'art moderne © Piero Gilardi